Un poëme en offrande

Publié le par leblog@khaluan.com

J'ai découvert ce poëme de Constantin Cavafy, et j'ai pleuré. Je voulais vous faire partager cette lumière, ce joyau qui brille au fond du coeur du poète quand la nuit tombe sur le monde. Nous vivons tous dans cette ville de Cavafy.

La ville

Tu as dit: « J'irai par une autre terre, j'irai par une autre mer.

Il se trouvera bien une autre ville, meilleure que celle-ci.

Chaque effort que je fais est condamné d’avance ;

et mon cœur – tel un mort – y gît enseveli.

Jusqu'à quand mon esprit va-t-il endurer ce marasme ?

Où que mes yeux se tournent, où que se pose mon regard,

je vois se profiler ici les noirs décombres de ma vie

dont après tant d’années je n’ai fait que ruines et gâchis. »

Tu ne trouveras pas d’autres lieux, tu ne trouveras pas d’autres mers.

La ville te suivra partout. Tu traîneras

dans les mêmes rues. Et tu vieilliras dans les mêmes quartiers ;

c’est dans ces mêmes maisons que blanchiront tes cheveux.

Toujours à cette ville tu aboutiras. Et pour ailleurs – n’y

compte pas –

il n’y a plus pour toi nu chemin ni navire.

Pas d’autre vie : en la ruinant ici,

dans ce coin perdu, tu l’as gâchée sur toute la terre.

Publié dans khaluan cite

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