Page retrouvée d'un carnet cairotte

Publié le par khaluan

Le Caire. Maadi. Nuit du 18 au 19 novembre 1993.

L'anarchie est ici une vision chronique. La civilisation frappée de débordements. Le sommeil est débordé, absorbé par le bruit. Rien que des observations. Je continue d'aligner celles-ci, celles-là, celles plus loin encore qui me font sourire. Le sourire est une nostalgie amère des choses passées. Un prélude à l'ironie. J'ai hâte de retrouver mes livres, mes noms, ma civilisation.

M'assigner des missions: voilà la grande directive du Service Culturel de la grande ambassade de France au Caire.

Déjà des connaissances humaines qui méritent le voyage. Voyage en connaissance humaine. Jean-Michel V., Xavier D., Serge B.

Il y a quelque chose qui échappe à l'espace au Caire. L'Apocaplypse a déjà frappé ici, à chaque coin de rue. La misère surpeuple la trop grande ville.

Qu'est-ce qui fait avancer une fourmi: la nourriture?

Il se détache l'homme qui ne se nourrit pas.

J'ai la certitude de me perdre à chaque instant. Perdu dans l'éternité du hors-sujet. Je suis aussi ce HORS-Sujet. J'ai besoin de cette nourriture hors-sujet pour me détacher.

Les hommes ont la prétention de la futilité. De l'inutilité. Ici tout le temps ne m'est pas encore ouvert. Un message qui s'est refermé sur son opacité. Je n'ai plus de sens. D'ailleurs pas plus ici qu'ailleurs. Ici ou à Paris c'est finalement la même chose.

Sauf la dimension cairotte qui est en excès. Des discours intéressants. D'autres, creux. Mais en tous cas, tous sont vains. Je n'ai encore écrit aucune lettre. Je n'ai pas encore trouvé mon lieu de repos. Mon espace d'écriture. J'ai peur de ne pas tout pouvoir comprendre. Mon travail, l'Arabe, les Egyptiens, et tous les autres. J'ai peur d'être en dehors de tous ça.

Je dors quelque part dans l'Eveil.

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